Le football est le sport le plus populaire au niveau mondial par son nombre de téléspectateurs, sa présence dans les médias et son accessibilité au grand public. Récemment, la Coupe du monde 2018 en Russie a accueilli 1 million de spectateurs et, en moyenne, 1 milliard de téléspectateurs ont assisté à la finale opposant la France à la Croatie.
Les médias jouent un grand rôle dans la promotion de ces rencontres, ce qui contribue à agrandir la popularité de ce sport. Cependant, des études ont montré que les médias contribuent à la dévalorisation du football féminin, même si elles ont également démontré des progrès, encore trop insuffisants.
Après avoir regardé un film intitulé Gracie, réalisé par Davis Guggenheim en 2007, j’ai voulu en savoir plus sur le football féminin, et également comprendre comment un écart s’est construit entre le football masculin et féminin.
Le film raconte l’histoire de Gracie, une jeune américaine qui souhaite jouer au football en compétition. Dans la société américaine des années 70, le football n’était pas considéré comme un « sport pour filles », par conséquent, il n’y avait pas d’équipe de football féminine. La discrimination de Gracie commence dans sa famille, son propre père ne la laissant pas jouer au football avec ses frères. Après la mort tragique de son frère aîné, joueur vedette de football entraîné par son propre père, Gracie décide de rejoindre l’équipe masculine de football de son lycée.
Les origines du football féminin remontent au XIXe siècle au Royaume-Uni. Les femmes britanniques commencent à s’intéresser à ce sport lorsque le football masculin se professionnalise, certaines accompagnant leurs maris aux matchs pour les soutenir ou par intérêt personnel.
En Ecosse, le 7 mai 1881 a lieu le premier match de football féminin opposant l’Angleterre à l’Ecosse. Grâce à son succès, d’autres matchs de football féminin ont lieu dans d’autres nations. En Angleterre, en 1895, est fondée le « British Ladies Football Club » (équipe de football féminin) par Nettie Honeyball avec le soutien de Florence Dixie, une activiste féministe anglaise.
En France, le premier match de football féminin a lieu le 30 septembre 1917, où deux équipes de la ligue française de football féminin Femina Sport, fondée en 1912, s’affrontent. Malgré le succès de ces matchs, des répressions mènent à l’interdiction aux femmes de jouer au football, jugeant le sport « nocif » pour celles-ci. Cette interdiction est appliquée en Angleterre à partir de 1921 et depuis 1941 en France. La question de la santé était le principal argument des détracteurs que les médias relayaient. Lors des matchs, les commentateurs critiquaient principalement les participantes sur leur façon de jouer ou sur leur apparence, au lieu de commenter le match. À la suite de répressions, les matchs de football féminin « accessibles au public » sont interdits, jusqu’à la fin des années 60.
En 1920, le match France-Angleterre (remporté par l’Angleterre- 2-0) est la première compétition internationale de football féminin. La Coupe d’Europe de football féminin n’aura lieu qu’en 1969, neuf ans après la première édition masculine. Les pays participants à la compétition sont l’Angleterre, le Danemark, la France et l’Italie qui remportera le titre de championne d’Europe. L’année suivante en juillet se réalise la Coupe du monde en Italie et, cette fois-ci, c’est le Danemark qui remporte la compétition. Ces deux tournois internationaux ont été considérés comme non-officiels car ils n’étaient pas reconnus par la FIFA et l’UEFA. Ce ne sera qu’en 1984 que le football féminin sera reconnu par l’UEFA et en 1991 par la FIFA. Grâce à la légitimation du football féminin, des compétitions officielles sont créés par les fédérations internationales. Les tournois de football féminin sont aujourd’hui les mêmes que ceux des hommes : il y a donc des championnats au niveau national et international. Les championnes d’Europe en titre sont les Néerlandaises qui ont remporté ce tournoi en 2017, alors que les Américaines sont actuellement championnes du monde. Elles ont remporté le sacre planétaire pour la troisième fois de leur histoire: 1991, 1999 et 2015.
Une grande majorité de personnes a déjà entendu parler de Cristiano Ronaldo, Zinédine Zidane et Pelé, mais qu’en est-il des meilleures joueuses de football féminin ?
Mia Hamm est l’une des meilleures joueuses de tous les temps. En effet, la footballeuse américaine était l’une des premières stars internationales de football. Hamm a été deux fois championne du monde en 1991 et 1999 et a reçu le ballon d’or en 2001 et en 2002.
Marta Vieira da Silva est une joueuse brésilienne honorée par la FIFA du titre de « meilleure joueuse » cinq années consécutives, entre 2006 et 2010, autant de fois que Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Marta da Silva est souvent comparée à Pelé pour ses talents de dribbleuse et de meneuse de jeu et a été surnommée « Pelé avec une jupe » par l’ancien joueur lui-même.
Carli Lloyd est une footballeuse américaine jouant actuellement dans l’équipe Sky Blue FC. Lloyd a participé trois fois à la Coupe du monde en 2007, 2011 et en 2015 où les Etats-Unis ont gagné la médaille d’or. Carli Lloyd a reçu le ballon d’or en 2015 et en 2016.
Le football féminin a autant de valeur que le football masculin, cependant les médias ne font pas la promotion de ses compétitions, alors que leurs homologues masculins bénéficient d’une médiatisation hallucinante. Le peu d’intérêt accordé au football féminin par les médias traduit une forme de sexisme qui empêche le public d’avoir une plus grande connaissance de ces joueuses et de leurs championnats.